La Boîte
de Pandore
et le Symbion
par Josep Mª
Dacosta
Traduit
par Annie Unland
a
mythologie, et en particulier la mythologie grecque, a souvent
été utilisée pour donner un nom scientifique
à de nombreuses espèces, aussi bien terrestres que
marines.
La
connaissance des mythes grecs peut apporter une aide merveilleuse
pour faire l'apprentissage des espèces marines, car elle
permet de retenir plus facilement le nom d'un organisme.
Le
mythe de la boîte de Pandore a servi à baptiser une
nouvelle espèce, récemment découverte : le
Symbion pandora. L'originalité de cet organisme tient
à son cycle de reproduction complexe, qui, en l'une de
ses phases, "rappelle" la boîte mythique. Cette
singularité a conduit à la création d'une
nouvelle catégorie taxinomique - phylum -, la Cycliophora,
comme l'a publié Henry Gee, dans le journal "El País"
(14-12-95).
Avant
de proposer un extrait du cycle biologique du Symbion pandora,
rappelons ce qu'est le mythe de Pandore, à partir d'un
texte de Robert Graves dans "Les mythes grecs":
"Epiméthée,
troublé par ce qui arrivait à son frère,
se hâta d'épouser Pandore, que Dieu avait faite aussi
sotte, malveillante et paresseuse que belle, première d'une
longue lignée de femmes qui seraient à son image.
Peu après, elle ouvrit une jarre qui, selon l'avertissement
donné par Prométhée à Epiméthée,
devait rester fermée : à force de gros efforts,
il avait pu y enfermer tous les Maux qui pouvaient ravager l'humanité,
tels que la Vieillesse, la Fatigue, la Maladie, la Folie, le Vice
et la Passion. Tous sortirent alors de la jarre sous la forme
d'un nuage, blessèrent Epiméthée et Pandore
en toutes les parties de leurs corps, puis attaquèrent
la race des mortels. Cependant, l'Espérance, que Prométhée
avait également enfermée dans la boîte, les
dissuada, par ses mensonges, de se livrer à un suicide
général".
"Un
parasite, à la vie sexuelle complexe, inaugure
une nouvelle catégorie d'êtres vivants"
Henry Gee,
journal "El País", 14-12-1995
(...)
La découverte du Symbion pandora marque une avancée
importante en zoologie. Peter Funch et Reinhardt Mobjerg Kristensen,
de l'Université de Copenhague, au Danemark, le définissent
comme le nouveau phylum Cycliophora dans leur rapport
publié dans la revue Nature de cette semaine.
Symbion
pandora
Photo: Associated Press Universidad de Copenhage
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A première
vue, ces êtres vivants ressemblent à de minuscules
flacons de parfum, d'un milllimètre de longueur maximum.
Ils se fixent sur les parties buccales des langoustines (Nephrops
norvegicus) par leur base. A l'autre extrêmité,
un anneau de tentacules oscille au gré du courant pour
recueillir les restes de nourriture. (...)
Mais
ce qui fait l'originalité de cette créature, c'est
son cycle de vie complexe. Premièrement, elle se réinvente
continuellement. De nouveaux ensembles de tentacules poussent
au fur et à mesure que s'usent les anciens, et certains
d'entre eux se détachent pour se transformer en créatures
indépendantes, appelées larves pandora.
Ce nom provient de l'apparence de leur ascendant, transparent
et plein de protubérances sur le point d'éclater,
comme la boîte de Pandore de la mythologie grecque. Les
larves sont capables de nager sur des distances courtes et s'accrochent,
tout près, dans la bouche de la même langoustine,
jusqu'à ce qu'elles deviennent adultes.
Mais
ce n'est là que la moitié de l'histoire. La mue
d'une langoustine signifie la mort pour la colonie de Symbion
et, tel un détonateur, cela provoque un changement radical
: le sexe fait son apparition. Lorsque survient la mue, ce ne
sont plus des larves que ces animaux engendrent, mais des mâles
et des femelles, minuscules. Le mâle se détache de
son géniteur ; chargé de sperme, il cherche alors
d'autres créatures où se développent des
femelles et s'accroche à leur corps. On ne sait pas exactement
comment mâles et femelles s'accouplent, mais il semble que
les mâles soient dotés d'un penis.
Toujours
est-il que la femelle fécondée se libère
de son géniteur, auquel est accroché le minuscule
mâle et qu'elle colonise un autre endroit de la même
langoustine pour couver son unique descendant. Peu après,
la femelle dégénère en une simple coquille,
remplie d'une autre sorte de larves mobiles, les choroïdes,
qui s'éloignent en nageant. Ces larves sont plus résistantes
que les précédentes et peuvent s'éloigner
d'avantage, jusqu'à ce qu'elles rencontrent une autre langoustine
qui ne soit pas en période de mue afin d'y établir
une nouvelle colonie. (...)
Bibliographie
Graves,
Robert. (1985) "Los Mitos Griegos". Editions
Alianza. Madrid
Liens
à ce propos
http://www.micscape.simplenet.com/mag/articles/pandora.html
©
Texte: Josep Mª Dacosta
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Traduction Annie UNLAND : cypsele@club-internet.fr
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